Taxation des Contrats à Durée Déterminée d’Usage, inquiétude des guides-conférenciers sur le projet de loi de finance 2020

Lettre envoyée à nos députés:
Monsieur le Député,
Nous vous écrivons  aujourd’hui pour vous faire part de notre inquiétude au sujet de la taxation des CDDU prévue dans le projet de loi de Finances 2020.

Même si nous comprenons tout à fait le principe visant à favoriser les emplois pérennes, nous pensons que cela sera inefficace dans notre cas, et même, préjudiciable. En effet, cette taxation a pour but de favoriser les contrats de longue durée mais ceux-ci  n’existent pour ainsi dire pas dans notre profession.

Nous travaillons par mission, à la demande, pour différents employeurs dans différentes régions. Cette flexibilité de notre part est ce qui permet de maintenir un guidage de qualité partout en France. Bien sûr elle convient à nos employeurs variés (agences, autocaristes, croisiéristes, hôteliers…) mais nous l’acceptons car elle est intrinsèquement liée à  notre métier.

Nous n’avons pas choisi cette précarité mais en revanche nous avons choisi notre profession et si nous restons guides conférenciers après plusieurs années d’activité, c’est parce que ce métier est une passion qui nous fait accepter le principe du CDD  à la mission.

Aujourd’hui nous craignons que la taxation des CDDU n’accentue la précarité des guides conférenciers au lieu de les sécuriser.

En effet ces différents employeurs hésiteront sans doute à recourir à nos services si cela doit leur coûter plus cher. Cela risque d’accentuer le problème du « travail au noir », qui existe déjà malheureusement, celui de « l’ubérisation » qui se développe et notre remplacement par des applications, des audio guides et autres tablettes.

Pour notre profession la taxation à la mission courte n’atteindra pas le but escompté car, par définition, notre profession s’exerce en contrats courts et on n’y pourra rien changer.

Afin de reconnaître la précarité de ce métier mais son importance dans la qualité des services touristiques fournis, un accord a été signé dans la branche des Agences de voyage afin que nous bénéficiions de la prime de précarité.

Nos missions dépendent de tellement de facteurs : langues parlées, calendriers des congrès, expositions, etc. Lorsqu’un bateau de croisière arrive au Havre il faut une quarantaine de guides pour le croisiériste mais le lendemain une vingtaine travaillera avec un bateau fluvial à Vernon pour une autre agence, ou avec un Congrès de médecins à Paris pour encore un autre employeur pendant que d’autres assureront des visites à Versailles ou à Vaux-le-Vicomte pour des privés. L’activité est non seulement fluctuante mais imprévisible : effets de mode, grandes expositions, telenovela brésilienne se déroulant en France, film sur Marie-Antoinette faisant un succès….

Nous vous demandons aujourd’hui, de ne pas ajouter à une flexibilité acceptée, le risque de la perte d’emplois que cette taxation des CDDU ne manquera pas de provoquer. Nous vous demandons de protéger une profession au service du développement touristique de la France.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Député, nos respectueuses salutations.

Gigliola Alba
Présidente du Syndicat Professionnel des Guides Interprètes Conférenciers